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Une interview de Sylvain LOPERA sur 18info

Depuis quelques années, certaines associations du 18e arrondissement de Paris souffrent d’un manque de financement. A la Goutte d’Or, l’Association pour le Dialogue et l’Orientation Scolaire (ADOS) en fait partie. Entretien avec Sylvain Lopéra, son directeur.

ADOS est en danger. Créée en 1987, cette Association pour le Dialogue et l’Orientation Scolaire installée à la Goutte d’Or, dans le 18e arrondissement de Paris, propose aux enfants du quartier du soutien scolaire. « Au départ, elle offrait une table, une chaise et un accompagnement scolaire pour que les enfants puissent faire leurs devoirs », explique Sylvain Lopéra, le directeur d’ADOS.

Puis l’association s’est développée, professionnalisée, et un nouveau projet est né. « On est parti du constat que le loisir était aussi important, se rappelle Sylvain Lopéra. Qu’un jeune qui s’épanouit globalement réussit mieux scolairement et que sur le quartier, pour les 12/16 ans, il n’y avait pas de structures qui s’intéressaient spécifiquement à ce public là. »

Aujourd’hui, ADOS accueille 230 jeunes âgés de 6 à 17 ans, dont 150 pour l’accompagnement scolaire. Mais des problèmes de financement menacent de plus en plus ses activités.

ADOS propose aux enfants du quartier un soutien scolaire. Mais des problèmes de financement menacent de plus en plus ses activités.
Dixhuitinfo - Quels sont les problèmes que vous rencontrez aujourd’hui pour financer vos activités ?

Sylvain Lopéra - Le premier concerne la baisse des subventions que nous recevons. Il y a un désengagement de l’Etat assez fort, ainsi que de la politique de la ville. Chaque financeur réduit un petit peu. Quand on est sur un type de financement multiple, comme pour ADOS, chaque baisse remet en cause, clairement, l’existence de l’association. Le deuxième fait appel à la nature de ces subventions. On ne reçoit pas de subventions de fonctionnement. En très grande majorité, on travaille sur des appels à projet. Ce qui veut dire que chaque année, il faut élaborer de nouveaux projets.

Outre pour l’existence même de l’association, quelles sont les conséquences de ces problèmes de financement ?

Avant, on organisait huit séjours par an, maintenant, on n’en fait plus que deux. Avant, on mettait ne place des ateliers culturels de danse avec des intervenants extérieurs, maintenant on ne peut plus. La stabilité de fonctionnement n’est pas possible.

Quand nous montons un projet, on ne sait pas combien on obtiendra. Ce qui a des incidences sur la capacité à se projeter. Il y a un déséquilibre entre le temps nécessaire à l’aboutissement d’un projet et le fait d’avoir une incertitude au niveau de l’argent pour la mise en place de ce projet. Il faut inclure le fonctionnement global de l’association dans l’appel à projet. Car le budget d’ADOS, qui repose sur les financements de la CAF, l’Etat, le département, la ville, ne permet pas de payer de nombreux salaires.

On est tout le temps dans l’incertitude. Et cela a un impact sur le travail des animateurs. Les conditions de travail se dégradent : est-ce que l’année prochaine, on sera encore là ?

Comment expliquer cette situation ? Qu’est-ce qui a changé par rapport à la fin des années 90, où l’association pouvait embaucher 8 salariés ?

Le développement de l’association était permis, je pense, comme beaucoup d’associations, avec la création des emplois jeunes. Ces emplois aidés permettaient la prise en charge d’une partie des salaires, sachant que sur un budget d’une association, les salaires représentent entre 70 et 75% des frais de l’association.

A l’arrêt des emplois jeunes, la suppression de ces aides a dû être supportée par l’association. Sauf que les subventions allouées par d’autres moyens ne permettent pas de combler cet écart. La suppression des emplois jeunes fut un coup d’arrêt au développement des associations, et même à la survie des associations. Pour ADOS, elle a provoqué un déficit structurel très important, à partir de 2005.

L’enjeu était alors de garder au maximum l’activité, la capacité d’accueil, sachant qu’on est quand même sur un quartier qui a de gros besoins. A un moment donné, s’est posé le choix de tout arrêter. Car nous n’avions pas les moyens de poursuivre le projet qui avait été élaboré au départ. Et on se demandait : qu’est-ce qu’on enlève ? On s’est finalement retrouvé avec un directeur et trois animateurs.

Les bénévoles n’ont-ils pas comblés le travail qu’effectuaient les salariés ?

« Les associations sont des outils de brassages, de rencontres de gens de milieux différents. Evidemment, ce n’est pas quantifiable. A l’inverse, il est facile de quantifier le nombre de cabines téléphoniques qui sont cassées. »
Le rôle des bénévoles est déterminant dans l’accompagnement scolaire, car les salariés ne peuvent pas tout assurer. Sauf qu’être bénévole demande un encadrement. S’il y a moins de salariés pour les encadrer et les former, cela a des incidences sur le nombre de bénévoles. On essaie d’en trouver de nouveaux : les anciens jeunes d’ADOS viennent donner de leur temps pour aider les plus jeunes. D’anciens jeunes du quartier rentrent en BAFA, on les accompagne dans la formation.

Mais ces jeunes viennent pendant 14 jours. Il y a donc un problème de turn-over. Ils sont formés puis ils partent à la fin de leur stage. Mais le public, lui, reste. Cela implique de repartir de zéro en terme de formation, d’équipe. Et cela a des implications sur le travail même des animateurs, qui passent beaucoup de temps à cette formation. Tout l’enjeu est donc de garder une qualité d’accueil avec moins de professionnels.

Vous pointez aussi du doigt un changement de procéder, une philosophie différente.

Effectivement. Avant, les associations, grâce à leur proximité avec un lieu, partaient d’un constat et proposait une solution pour y répondre. Pour mettre en place cette solution, elle recevait des subventions. Maintenant, à l’inverse, on est obligés de répondre à des appels à projets. En gros, les politiques disent, on finance tels types d’actions, à vous de présenter un projet qui y correspond. Cela inverse un peu le fonctionnement des associations. Cette évolution des pratiques ne permet pas aux associations d’innover, parce qu’on doit tout le temps présenter des projets qui rentrent dans des cases.

Les financeurs privés peuvent-ils aider les associations à se financer ?

Le problème avec les financeurs privés est qu’ils ne financent pas le budget de fonctionnement de l’association. La plupart disent : on ne prend pas en charge les salaires. Sauf qu’il faut bien un permanent qui mette en place le projet… Donc ce n’est pas la solution et puis c’est très ponctuel. Ils financeront un projet sur une année. Cela veut dire que l’année d’après, il faut aller rechercher ailleurs.

Alors, quelles seraient les solutions ?

Clairement, il y a derrière tout cela un choix de société. On se dit, il y a moins d’argent. Mais les caméras qui sont installées, cela coûte de l’argent ! Le tout sécuritaire, c’est une vision des choses et des choix budgétaires. L’alternative est de travailler sur le développement du lien social et les associations.

Il y a une vraie réflexion à avoir sur l’impact des associations. Quand elles disparaitront, les effets de leur disparition auront des conséquences sur la sécurité. Les associations sont des amortisseurs sociaux, notamment en temps de crise. Il y a un vrai besoin. Les associations sont des outils de brassages, de rencontres de gens de milieux différents. Evidemment, ce n’est pas quantifiable.

A l’inverse, il est facile de quantifier le nombre de cabines téléphoniques qui sont cassées. Mais un jeune qui s’en sort, cela ne se quantifie pas. Et le travail des bénévoles n’est pas quantifié. Si ce travail avait dû être fait par l’école ou des sociétés privées, combien cela aurait coûté ? Pour l’accompagnement scolaire, à ADOS, l’Etat donne 86 euros par an et par enfant. C’est combien par rapport au travail qui est réalisé et à son coût ?

Quand je vois les réductions d’impôts pour des structures privées de soutien scolaire, qui s’adressent à une partie de la population qui a les moyens de se les offrir, c’est un choix de société. On s’interroge tout le temps sur ce que coûte une association. Qu’en est-il de la richesse produite ?




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